Vous avez peut-être déjà entendu parler du mouvement FIRE ? Issu de l’acronyme anglais “Financial independence, retire early”, ou en français “indépendance économique, retraite précoce” ce mouvement vise l’indépendance financière et la retraite anticipée. En France ses adeptes sont également appelés les frugalistes.
Né dans les années 90 aux États-Unis, ce mouvement consiste à vivre de façon frugale, c’est-à-dire à supprimer toutes dépenses jugées non essentielles afin d’épargner de façon drastique pendant plusieurs années. La finalité étant d’amasser suffisamment de fonds pour ensuite les placer sur des supports rapportant un revenu régulier permettant de vivre de ses placements le reste de sa vie et si possible d’être retraité avant 40 ans. L’idée pour ses adeptes n’est pas de cesser totalement toute activité mais de pouvoir disposer librement de leur temps pour se consacrer à ce qu’ils aiment vraiment. Comme le dit un de ses adeptes, le blogueur Mr. Money Moustache, « FIRE signifie quitter tout travail que vous ne feriez pas gratuitement ».
Quelle stratégie financière pour devenir frugaliste ?
La clé serait dans la règle des 4 %, établie par trois professeurs de l’Université Trinity du Texas en 1998. Selon cette méthode, si le pourcentage des bénéfices que vous obtenez de vos investissements est de 4 %, vous pourrez vivre pour toujours des avantages annuels, sans faire baisser vos économies.
Par exemple, si votre dépense annuelle est de 30 000 €, vous devez d’abord économiser 750 000 €. Ensuite, vous pouvez vivre toute votre vie avec un bénéfice de 4 %, ce qui équivaut à vos 30 000 euros de dépenses annuelles. Le temps nécessaire pour économiser ces 750 000 € dépendra de votre salaire et de votre niveau d’épargne : si votre salaire est de 5 000 € et que vous économisez 50 %, vous aurez besoin de 25 ans. Si vous avez commencé à travailler à 25 ans, à 50 ans, vous serez prêt pour le départ à la retraite.
Cette théorie parait assez optimiste car un ralentissement du marché ou une crise financière pourraient mettre à mal ces calculs, sans oublier l’inflation et la dévaluation dont souffre la monnaie au fil du temps. Par ailleurs, cela induit de maintenir un train de vie identique le reste de sa vie, ce qui ne semble pas évident pour une famille par exemple pour laquelle les besoins, et par définition les dépenses, évoluent avec le temps.
Cela signifie donc de devoir se cantonner à des dépenses fixes et de ne pas s’écarter tout au long de sa vie du schéma dressé en amont.
Qui sont les frugalistes ?
Il existe différents types de frugalistes plus ou moins extrêmes. Prenons le cas de Sébastien, un infirmier libéral dans la région de Marseille, interrogé dans le cadre d’une émission sur le mouvement frugaliste en France : à 32 ans, il a réussi à épargner 80 % de ses revenus soit 4 000 € par mois. Comment fait-il ? Il enchaine les consultations, pour maximiser ses revenus et a réduit considérablement ses dépenses. Plus de restaurants, plus de sorties, retour chez maman pour l’hébergement. Il avoue avoir dû renoncer à sa vie de couple. C’est radical, mais en plus de 4 ans il a épargné 240 000 €. Objectif les 500 000 € d’ici quelques années et l’achat de plusieurs appartements pour les mettre en location. Selon lui, cela devrait lui permettre de ne plus travailler jusqu’à la fin de sa vie.
Grant Sabatier quant à lui affirme être passé de 2 $ sur son compte à plus d’un million de dollars en seulement 5 ans, grâce à son travail et à ses investissements. Il raconte son histoire dans Millenial Money.
Quel que soit le profil du frugaliste, sacrifice, épargne et investissement paraissent être les conditions sine qua non pour réussir dans ce mouvement.
Un mouvement bousculé par la Covid
Si ce mouvement a connu un véritable essor dans les années 2000 aux États-Unis et dans une moindre mesure en France, la crise du covid met à mal les rêves de certains. L’une des figures du mouvement FIRE est le Canadien Pete Adeney, 46 ans, auteur du blog « Mr. Money Mustache ». Ces dernières semaines, il a reçu de nombreux messages paniqués d’adeptes extrêmement inquiets. Celles et ceux qui avaient investi dans des logements à louer sur Airbnb sont particulièrement préoccupés, car ils ne trouvent pas preneur dans le contexte actuel.
Pour le blogueur, la crise n’invalide pas le projet FIRE, bien au contraire : « C’est un mode de vie qui rend plus heureux, que vous soyez en plein boom économique ou dans une profonde récession. Sa plus grande force se manifeste à des moments comme celui-ci. […] J’espère qu’en étant autosuffisants nous-mêmes, nous serons mieux placés pour aider d’autres personnes qui en ont vraiment besoin.»
Les façons pour atteindre l’indépendance financière promise par le mouvement Fire sont assez floues et ses méthodes parfois radicales, toutefois ce mouvement séduit de plus en plus d’adeptes. Ces derniers rappellent qu’il ne s’agit pas d’un éloge de l’oisiveté, mais seulement de redevenir maitre de son temps pour le consacrer à des choses qui ont de l’intérêt pour nous. Il n’est pas exclu de continuer à travailler, mais pour une activité que l’on se crée où l’argent n’a plus aucune importance.
Alors ça vous tente ?
Conseil de lecture sur ce thème. :
“Your money or your life” (penguin books, 1992)
“J’arrête de travailler » de Gisela Enders (éditions Yves Michel, 2019)
« Père riche, père pauvre » de Robert Kiyosaki
« Réfléchissez et devenez riche » de Napoleon Hill (j’ai lu,1937)